SCORPION : Le premier véhicule blindé multi-rôles « Griffon » a été livré à l’armée de Terre

Ce 4 juillet aura été un jour particulier pour l’armée de Terre étant donné qu’elle a reçu son premier Véhicule blindé multi-rôles [VBMR] Griffon dans le cadre du très attendu programme SCORPION [Synergie du contact renforcée par la polyvalence et l’info valorisation], qui permettra de faire un saut capacitaire majeure, notamment dans le domaine du combat collaboratif.

Ainsi, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser, s’est vu remettre symboliquement, des mains d’Emmanuel Levacher, le président d’Arquus [ex-Renault Trucks Defense], la plaque d’immatriculation du premier Griffon, lors d’une cérémonie organisée à Satory, en présence de Florence Parly, la ministre des Armées.

Cette « remise marque le coup d’envoi des premières livraisons des véhicules EBMR Griffon du programme Scorpion », a fait valoir Arquus, via un communiqué.

Pour rappel, un premier contrat portant sur le développement et la production de 1.722 Griffon avait été notifié en décembre 2014 au Groupement momentané d’entreprises [GME] constitué par Nexter, Arquus et Thales.

Depuis, la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 a revu à la hausse le nombre de VBMR devant être mis en service au sein de l’armée de Terre, avec 150 exemplaires supplémentaires devant être commandés. En outre, elle prévoit également d’accélérer le programme SCORPION, avec 936 VBMR devant être livrés d’ici 2025.

Selon les plans de l’armée de Terre, les premières livraisons de Griffon doivent permettre de projeter un premier Groupement tactique interarmes [GTIA] « Scorpion » à partir de 2021 et une brigade interarmes, dotés de VBMR, d’Engins blindés de reconnaissance et de combat [EBRC] « Jaguar » et chars Leclerc rénovés dès 2023.

Selon le calendrier établi par la LPM 2019-25, 92 Griffon devront avoir été livrés d’ici la fin de l’année 2019, afin de pouvoir commencer à équiper les 3e et 21e Régiment d’infanterie de Marine [RIMa], le 13e Bataillon de chasseurs alpins [BCA], le 1er Régiment d’infanterie [RI] et le 3e Régiment de parachutistes d’Infanterie de marine [RPIMa].

Par rapport au Véhicule de l’avant blindé [VAB] qu’il va remplacer [avec le VBMR léger « Serval », de 17 tonnes], le Griffon est un engin 6×6 de la classe 24,5 tonnes pouvant emporter, selon les versions 2+8 fantassins dotés du système FELIN. Il est armé d’une mitrailleuse téléopérée de 12,7mm ou de 7,62mm et d’un lance-grenade fumigène GALIX.

Outre une protection accrue, l’un des principaux atouts du Griffon réside dans ses capacités en matière de combat collaboratif et infovalorisé, et donc à son électronique embarquée [vétronique]. Il est en effet équipé de capteurs qui permettront de collecter des informations sur l’activé et/ou la présence ennemie [détecteur d’alerte laser, détecteur de départ de missile, détecteur de cible mobile, un kit de vision hémisphérique proche ANTARES, etc…].

Grâce au système d’information SICS SCORPION et à la radio logicielle CONTACT, il sera en mesure de partager quasi-instantanément les données ainsi recueillies avec l’ensemble des véhicules SCORPION. Ainsi, une menace ainsi détectée sera « engagée » par celui qui sera le mieux placé [ou le mieux armé] pour le faire. « Celui qui repère l’ennemi n’est pas obligatoirement celui qui l’engage », explique l’armée de Terre.

Doté d’un moteur de 400 ch. et d’un système de variation de pression de gonflage et d’une chaîne cinématique fournie par Arquus, le Griffon affiche une « forte maniabilité et mobilité tous-chemins », souligne l’armée de Terre. En effet, son rayon de braquage sera identique à celui du VAB, alors que son gabarit est nettement supérieur.

Un autre de ses points forts est son ergonomie, avec un « volume unique assurant l’intervisibilité des membres d’équipage y compris avec l’avant, agrandi [+3m3 par rapport au VAB] et climatisé. » Dans la revue Fantassin, le lieutenant-colonel Renaud Merlin, officier coordinateur Scorpion à la Section technique de l’armée de Terre [STAT] explique que son ergonomie est « particulièrement adaptée à la génération de combattants des années 2010, prenant en compte les évolutions anthropométriques des soldats au XXIe siècle. »

« Afin de proposer une grande modularité et une vraie vie d’équipage, le choix a été fait de placer le moteur à l’avant du véhicule et d’avoir un habitacle monovolume. Le pare-brise de grande dimension offrira au groupe d’infanterie une excellente visibilité à l’avant du véhicule, et le chef tactique pourra aussi bien suivre l’itinéraire que voir l’ensemble de son groupe. Ce pare-brise sera un véritable atout en combat urbain », ajoute l’officier.

En outre, poursuit-il, « l’accès aux tapes supérieures est prévu pour que les hommes et les femmes de toutes tailles puissent servir leur arme en tape arrière ou manœuvrer le tourelleau » et « si la  climatisation est installée en premier lieu pour permettre de conserver les matériels informatiques et électroniques en état de marche, elle sera également appréciée par l’équipage qui pourra combattre plus longtemps et dans de meilleures conditions. »

Enfin, conclut le lieutenant-colonel Merlin sur ce point précis, « le pilote, le tireur et le chef tactique bénéficieront de grands écrans qui permettront de servir le tourelleau téléopéré, de gérer les réseaux radios du groupe, de suivre la situation tactique, mais également les données logistiques du véhicule [consommations ou maintenance] ».

D’ailleurs, et c’est le troisième point fort du Griffon, sa maintenance sera optimisée et facilitée, ce qui permettra de réduire les flux logistiques.

Enfin, à l’avenir, il n’est pas exclu de voir de Griffon [voire des Jaguar] « autonomes ». C’est ce qu’a en effet laissé entendre Stéphane Mayer, le PDG de Nexter, lors d’une récente audition à l’Assemblée nationale.

« Dans la mesure où leur cahier des charges date déjà de quelques années, le Griffon ou le Jaguar ne sont pas dotés aujourd’hui, dès le début, des capacités de pilotage autonome, c’est-à-dire de capacités mécaniques de tourner le volant tout seul. Néanmoins, nous réfléchissons d’ores et déjà à la possibilité de le faire », a-t-il en effet affirmé.

Source : Chemin de mémoire des Parachutistes