Obsèques du général Gaget, ancien président national de l’Association des Membres de la Légion d’Honneur décorés au Péril de leur Vie

Veuillez trouver ci-dessous le texte de l’allocution funèbre prononcée par le général Schmitt aux obsèques du général Gaget, ancien président national de l’Association des Membres de la Légion d’Honneur décorés au Péril de leur Vie.

 

Allocution prononcée le 19 mars 2018 à Morières-les-Avignon

Par le général d’armé Maurice SCHMITT

Ancien CEMA – Grand-Croix de la Légion d’Honneur

Mon général

En ayant l’honneur de prononcer votre éloge funèbre, j’ai bien conscience de ne pouvoir donner que quelques éclairages sur la vie d’une personnalité hors du commun. Une personnalité dont, peut-être, seule l’Armée peut permettre l’épanouissement. Le montrer est, je pense, un des buts, peut-être le principal, que vous avez poursuivi en publiant récemment vos mémoires.

Comme vous l’écrivez en quatrième de couverture du premier volume vous avez vécu une adolescence bouleversée par la guerre et des conditions de vie difficiles. Je crois que vous avez fait alors le bon choix, à dix-huit ans, le 9 juin 1948 en signant un engagement pour la demi-brigade de commandos parachutistes. Vous avez écrivez-vous été motivé en contemplant la célébrissime affiche présentant les parachutistes coloniaux et leur devise :

Ma fortune LA GLOIRE

Mon domaine LA BAGARRE

Cette devise serait probablement critiquée voire censurée aujourd’hui. A l’époque elle m’a fait rêver moi aussi alors que j’étais candidat à Saint-Cyr.

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Les bataillons parachutistes écrivirent l’essentiel de leurs pages de gloire en Indochine. Pour vous ce sera le 2ème bataillon colonial de commandos parachutistes de 1948 à 1950. Vous combattez en Cochinchine et en vous lisant j’ai retrouvé bien des noms connus, le chef de bataillon Trinquier, en particulier, sous les ordres duquel j’ai moi-même servi en Algérie lorsqu’il remplaça Bigeard à la tête du 3ème régiment de parachutistes coloniaux. Nous avons eu pour lui estime et amitié.

Après deux ans, c’est le retour en France et la réussite au concours d’entrée à Saint-Cyr Coëtquidan. A l’époque Saint-cyriens et Corps de Troupe étaient mêlés dans le 1er bataillon de France selon la volonté du général de Lattre de Tassigny. Vous appartenez donc à la promotion « ceux de Dien Bien Phu » baptême qui fit débat car même si ce fut une défaite honorable. C’était tout de même une défaite.

Désormais sous-lieutenant vous faîtes le choix de l’armée blindée cavalerie, le mot cavalerie n’est pas superflu en ce qui vous concerne, et vous rejoignez l’école de Saumur. Vous vous consacrez plus au pentathlon moderne, ratant d’une place une sélection pour les jeux olympiques qu’aux autres activités mais vous pourrez néanmoins faire le choix de servir dans les cavaliers parachutistes au sein du 13ème R.D.P alors régiment de reconnaissance et stationné à Castres.

C’est avec le 13ème R.D.P qu’en septembre 1955 vous rejoignez l’Algérie. Vous quitterez le 13 pour commander l’un des derniers pelotons montés de l’armée française au sein du 9ème groupe de spahis algériens dans le Constantinois. Maintenir des unités montées dans le style de combat qu’il fallait conduire en Algérie n’était probablement pas une très bonne idée. Après deux années vous rejoindrez le secteur de Saïda dans l’Oranais. Va alors débuter ce qui sera certainement la grande épopée de votre carrière centrée autour de Saïda que vous rejoigniez en janvier 1958. C’est quelques mois plus tard que le général Challe décida de dynamiser les commandements de secteur et c’est ainsi que le colonel Bigeard fut nommé à la tête du secteur de Saïda. C’est sous les ordres de ce chef exceptionnel que vous allez créer et commander le commando COBRA l’un des deux commandos du secteur de Saïda le second était le commando GEORGES du lieutenant Grillot votre ami de toujours. Avec le commando COBRA vous mériterez quatre citations dont deux à l’ordre de l’Armée. Un extrait de l’une d’entre elles : « chef de commando de chasse, audacieux, dynamique et d’une bravoure exceptionnelle, à la base des plus beaux bilans du secteur…A inscrit un nouveau fait d’armes à l’historique du prestigieux commando COBRA ».

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A Saïda vous ne ferez pas seulement la guerre. Vous allez fonder une famille. Ainsi le 9 juillet 1960 vous épousez Michèle Meunier et après un voyage de noces en Italie vous vous installez à Saïda.

Madame vous allez être désormais associée au destin de votre mari. A vous-même, à votre fille et à tous les vôtres je vous présente les vives condoléances de tous ceux qui ont connu Robert Gaget et pour beaucoup ont combattu avec lui.

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Avec mars 1962 c’est, en principe, la fin des combats. Vous aurez servi sept ans en Algérie, mérité cinq citations qui s’ajoutent à celle d’Indochine. Vous êtes capitaine, chevalier de la Légion d’Honneur. Vous allez entamer la deuxième partie de votre carrière et retrouver le 13ème RDP devenu régiment de reconnaissance de la 1ère armée dont vous commanderez le 2ème escadron. De 1972 à 1976 vous dirigerez le service des sports des écoles de Coëtquidan avec le grade de chef d’escadrons avant de rejoindre comme lieutenant-colonel et commandant en second le 1er régiment de hussards parachutistes à Tarbes. Vous commanderez le GMR 5 de Lyon avant de terminer votre carrière comme DMD des Hautes Pyrénées à Tarbes. Le 15 août 1986 vous êtes nommé général de brigade. Un an avant vous avez été promu commandeur de la Légion d’Honneur.

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A 56 ans vous n’allez pas vous contenter de jardiner et de jouer aux boules même si en 39 ans de carrière dont neuf en guerre vous aviez déjà beaucoup donné.

Vous collaborerez quelques mois avec l’amiral Brac de la Perrière qui vient de fonder l’association JET (jeunes en équipe de travail) qui visait la réinsertion sociale de jeunes délinquants. Simultanément vous publiez « commando COBRA » qui revient sur votre parcours en Algérie et vous apportez votre concours aux édiles de la mairie de Morières les Avignon dont je salue les représentants.

Après avoir dirigé la section du Vaucluse de l’Association des décorés de la Légion d’Honneur au Péril de leur vie vous devenez le président national de cette association dont plusieurs membres vous accompagnent aujourd’hui. Vous conserverez cette fonction jusqu’en 2010 après avoir géré quelques problèmes inhérents à toutes les associations d’anciens combattants Gaulois. C’est au congrès de Grenoble que j’ai présidé la cérémonie de fin de mandat en vous rendant l’hommage qui vous était du après tant de services rendus.

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Madame Gaget vous et votre famille vous pouvez être fières du parcours de Robert Gaget. Il restera certes pour tous ses compagnons le chef de commando COBRA mais comme j’ai essayé de le résumer c’est tout son parcours, certes original, qui illustre le mot cher aux militaires « Servir ».

Général d’armée Maurice SCHMITT

Président d’Honneur de l’association nationale des D.P.L.V.